12 décembre : By-pass et hospitalisation (entrée à 11h, opération à 14h)Bon… eh bien voilà, c’est le grand jour ! La nuit a été courte, comme vous pouvez vous en douter. Beaucoup d’interrogations et de nervosité, la peur de l’inconnu, la difficulté à croire que ça y est… on y est. Mon sac pour la clinique est prêt, je pense pas avoir oublié quoi que ce soit : plusieurs tenues confortables, des sous-vêtements, des chaussons, une chemise de nuit, un gilet ; mes traitements, ordonnances et résultats ; une trousse de toilette avec brosse, shampooing, crème hydratante ; ma tablette, des écouteurs, des chargeurs (tablette et téléphone) pour m’occuper si je trouve le temps long, des films/séries/vidéos/musiques, de quoi écrire ; de quoi bien dormir (masque pour les yeux, boules quiès, lampe de poche) ; de petites bouteilles d’eau à bouchon sport au cas où ; mes papiers d’identités ; un petit carnet avec mon adresse, indiqué que mon chat est seul à la maison, mes mots de passe et les infos de contact de “toutes les personnes à prévenir” (contacts online, amis en dehors de la famille…etc.), simple précaution pour le cas où il m’arriverait quelque chose.
Réveil réglé pour 7h30.
J’ai préparé de l’eau et des croquettes d’avance pour Lupin (au cas où mon hospitalisation se prolonge). Ma tenue pour le départ est prête (un legging et un tshirt long et ample + de quoi me couvrir), même si je sais que dès mon arrivée à la clinique je passe la tenue de bloc. J’ai retiré tous mes bijoux (collier, pendentif, gourmette, clous d’oreille) et les ai laissés à la maison dans ma boîte à bijoux. J’ai pris ma première douche à la bétadine la veille au soir, et la seconde aujourd’hui avant de partir, après un petit déjeuner rapide (½ café au lait sans sucre et quelques biscottes avec un peu de St. Hubert dessus) terminé vers 8h (je dois ensuite rester à jeun à partir de 8h, et arrêter toute boisson à partir de 11h).
Douche prise, Mary habillée, il est l’heure ! Je me couvre bien, il fait hyper froid, -4°C d’après la météo… Grosses chaussettes, sous-pull, sweat et doudoune sont donc de sortie. Ma voiture reste au parking aujourd’hui, je vais marcher un peu et prendre le bus. Celui qui n’est jamais à l’heure et toujours en déviations au petit bonheur la chance. Mais c’est pas grave, ça va le faire, et j’ai prévu large pour arriver à l’heure. Le froid est mordant, mais ça m’aide à me réveiller et j’apprécie la fraîcheur et le silence de la ville qui s’éveille à cette heure. 10min d’attente. 10min de bus. 10min de marche.
J’arrive à la clinique à 10h53, pour une entrée à 11h, c’est chirurgical ! Masque sur le nez, et je suis reçue tout de suite au bureau des admissions et je monte à l’étage du service me présenter aux infirmiers. Les chambres ne sont pas prêtes, alors on me fait patienter dans un petit salon un peu plus loin. Pendant plus de 40min ! Je finis par être installée. Surprise, c’est une chambre solo (sans supplément, puisque j’avais demandé une chambre duo basique !). Ça m’arrange, moi qui suis si sensible à la présence d’autres personnes, aux humeurs et aux bruits.
Bon, du coup on a pris du retard sur le planning. Une infirmière vient tout de suite me donner la tenue du bloc et me demande de me changer. Il y a une blouse longue en tissu épais, qui se ferme dans le dos, une culotte en papier XXL (soooo sexy), une charlotte à mettre sur la tête et un masque chirurgical classique bleu. On enregistre mes informations et on me met deux jolis bracelets en plastique pour m’identifier. On m’interroge sur les médicaments que j’ai pris depuis hier, mes douches de bétadine, et depuis combien de temps je suis à jeun, puis on prend mes mesures vitales (tension, oxygénation du sang et pouls). Une infirmière est aussi passée avec une petite tondeuse pour l’épilation du bas du ventre (de au dessus du nombril jusqu’en haut du pubis à peu près), on m’a dit de me tenir prête à descendre au bloc pour 13h30.
On ne m’a rien proposé du tout pour gérer l’anxiété/stress avant de descendre au bloc opératoire (pour ma Sleeve, j’avais eu deux cachets d’Atarax il me semble), mais peut-être que les personnes très stressées y ont droit ou peuvent le demander, je me suis pas trop posé de questions, j’en avais pas spécialement besoin. Je me suis pas sentie stressée du tout de la matinée, bizarrement, alors que je m’attendais à une petite montée de stress une fois installée à la clinique quand même, mais même pas.
Le brancardier est venu me chercher dans la chambre à 13h07 et j’ai été installée dans le sas avant les blocs opératoires, avec d’autres patients de divers services sur des brancards. Il faisait assez froid dans cette pièce, et malgré la couverture supplémentaire qu’on m’a rajoutée, j’ai eu vraiment froid aux pieds. Une infirmière et le brancardier sont venus me parler gentiment pour m’expliquer comment ça allait se passer et essayer de me rassurer, mais ça allait. L’assistante de l’anesthésiste est venue me poser un cathéter (sur le dos de la main gauche) et m’a prévenue qu’on m’en poserait un second pendant l’intervention (au creux du coude droit) par précaution. J’en ai profité pour poser la seule question qui me taraudait depuis que je sais que je vais être opérée : est-ce que je serai prévenue avant l’injection du produit ? Je garde d’assez mauvais souvenirs de ma toute première anesthésie générale (ma première fibroscopie, en 2013), où l’anesthésiste était arrivé par derrière sans que je le vois et avais injecté le produit sans me prévenir… j’avais totalement paniqué en me sentant partir, et j’étais super mal au réveil. Elle m’a rassurée et m’a expliqué comment on procéderait. Pas de surprises cette fois. Après s’être assurée que j’étais bien la bonne patiente, que je savais ce que je faisais là, qui allait m’opérer et de quoi, elle m’a dit qu’ils reviendraient me chercher dans pas longtemps.
Plus qu’à attendre ensuite. J’avais froid, j’écoutais simplement les conversations autour de moi. Une personne était là pour une opération d’une jambe blessée au ski. Un monsieur pour un cancer en rémission. Un monsieur de 102 ans si j’ai bien compris, qui s’exprimait très bien et très clairement ! J’aime bien écouter les gens, leurs histoires sont souvent intéressantes et inattendues.
Quand on vient me chercher, je suis toujours d’un calme olympien, c’est impressionnant. Je regarde tranquillement autour de moi, je souris aux plaisanteries du brancardier. Et pourtant, promis, j’ai rien pris ! On arrive dans le bloc, et LÀ il fait vraiment froid. Les infirmières sont désolées pour ça et tout le monde est aux petits soins, on me pose un drap au sol pour que je marche pas sur le froid, le brancardier frotte le dossier du fauteuil où je vais devoir m’appuyer pour le réchauffer etc, et ils me rassurent, le froid va pas trop durer.
Je suis étonnée de ne pas croiser le chirurgien du tout, je pensais le voir avant d’être opérée et échanger quelques mots, mais peut-être que ça ne se fait pas, j’en sais rien. On me stop le brancard au milieu de la pièce à côté d’un drôle de fauteuil noir sur lequel je dois m’installer, il y a une grosse lampe ronde juste au dessus (éteinte pour le moment), des espèce d’étriers en forme de bottes où mettre les pieds, et pour le reste c’est une chaise un peu inclinée vers l’arrière où on est installé en position semi allongée du coup. Les pieds sont bloqués dans les étriers (qui sont en mousse moelleuse), les bras reposent sur des accoudoirs de chaque côté et sont retenus par des sangles à scratch légères (pas pour les bloquer, mais pour qu’ils ne tombent pas quand le corps se relâchera). Ça peut avoir l’air impressionnant décrit comme ça, mais ça va. On est bien entourées. Une fois installée, on me met une lourde couverture sur moi, avec un tuyau qui souffle de l’air chaud pour me détendre et me réchauffer. Puis c’est parti.
On me met un masque à oxygène sur le visage, pour vraiment bien oxygéner le corps avant l’intervention et je dois respirer à fond, le plus possible. L’infirmière anesthésiste (?) me prévient qu’elle injecte le premier produit, que je vais sentir progressivement un engourdissement. Ça n’a pas tardé, quelques dizaines de secondes avant de sentir les premiers effets, maximum. J’aime pas du tout cette sensation, mais ça ne dure que quelques secondes, puis plus rien.
J’émerge quelques heures (?) plus tard, et j’ai un peu de mal à remonter à la surface, je me sens un peu oppressée, comme si un grand poids pesait à la fois sur mon corps et sur mon cerveau. Une infirmière me parle, elle me demande si ça va, comment je me sens, mais elle paraît loooooin, tout a l’air d’aller trop vite, les couleurs et les lumières sont super vives, et j’ai du mal à faire le focus. Je pense qu’une poignée de minutes s’écoule avant qu’on s’approche de moi de nouveau. Une infirmière me met la main sur l’épaule et serre gentiment, elle me dit que l’intervention est terminée et que tout s’est bien passé.
Je n’ai aucun appareil relié à moi à la sortie de l’intervention. J’ai bien les deux cathéter, dans la main et le bras, mais aucune perfusion, aucun drain, aucun tuyau, aucune sonde, aucun bip.
J’ai un moment de flou, je me souviens pas très bien. Mais la prochaine sensation dont je me souviens c’est… MA VESSIE. Mon Dieu, si jamais on vous dit de prendre le temps d’aller faire pipi avant de descendre au bloc, N’OUBLIEZ PAS. J’ai été prise de cours par le brancardier qui est arrivé en avance par rapport à ce qu’on m’avait dit, et j’ai oublié de le faire. J’ai jamais autant regretté d’avoir pris un grand café au petit déjeuner hahaha. Je ne ressens aucune douleur dûe à l’opération où autre (en même temps, je dois être bourrée de morphine là), mais ma vessie m’a l’air d’être sur le point d’exploser. Un brancardier vient me dire que je pourrai bientôt remonter dans ma chambre. Je lui demande si ça prendra longtemps et je lui explique que j’ai vraiment très urgemment besoin de faire pipi. Il me fait passer en prio, et je suis remontée dans ma chambre direct. L’infirmière propose de m’installer sur le bassin. Je panique un peu, j’ai jamais réussi à faire sur le bassin (ou ailleurs que sur les toilettes en fait, j’ai la vessie hyper timide !), mais elle insiste, elle ne peut pas me faire lever si tôt après l’intervention. Elle me retire la culotte en papier et installe le bassin sous mes fesses, puis me laisse seule dans la chambre. J’ai du mal, je suis obligée de me concentrer et pousser un peu, abandonner, souffler, réessayer. Je sens que ça tire un peu dans mon ventre, donc je fais attention, et plusieurs fois ça me stoppe et me fait louper mon coup, et je dois me poser 1 min avant d’essayer de me détendre et de recommencer, un calvaire. Puis ma vessie finit par abandonner la partie, et c’est moi qui gagne, j’arrive à faire pipi. J’ai l’impression de faire des litres, ça n’en finit plus, et après chaque pause j’ai l’impression qu’il y en a toujours autant à vider. Je sens que le bassin déborde un peu, mais tant pis, la pression sur ma vessie redescend et ça me soulage immédiatement.
J’appelle pour qu’on vienne me débarrasser du bassin, et elles en profitent pour changer les draps qui ont été mouillés, sans avoir besoin de me faire lever pour autant. Ensuite, soulagée, je dors pendant un moment. J’émerge quand des aides soignantes entrent dans la chambre pour prendre ma tension, mon pouls et ma saturation. A ce moment-là, il est 18 ou 19h. Je vois que quelques messages m’attendent sur mon téléphone, mais j’ai pas le courage d’y répondre tout de suite. Normalement le chirurgien a appelé ma famille pour prévenir que tout s’était bien passé, et elles ont passé le mot. J’ai passé une grande partie de la soirée comme ça, à alterner entre sommeil, somnolence, et semi-réveils au passage des aides soignantes et infirmières. Une carafe m’est laissée à disposition avec un petit verre en pyrex, et je peux boire quelques gorgées, tout doucement et en faisant attention. Je sens que je suis un peu déshydratée, mais je ne peux pas boire suffisamment pour étancher ma soif, et j’ai un drôle de goût qui me reste dans la bouche.
Plus tard dans la soirée, on vient contrôler ma glycémie. 232. Alors que je n’ai rien mangé depuis 8h ? On m’indique que j’ai eu une perfusion de glucose pendant l’intervention, donc c’est normal. Je reçois mes injections d’insuline au même dosage que d’habitude, et on m’amène un yaourt nature. Ça me paraît surréaliste, j’ai pas faim du tout, je me sens un peu barbouillée. Je me demande fugacement si ça vient de l’opération, de l’anesthésie, ou du traitement contre le diabète qui court encore dans mes veines (le Trulicity 3mg), mais j’insiste pas, rien que l’idée d’ouvrir le yaourt me donne la nausée.
Vers 23h j’ai l’esprit suffisamment clair pour envoyer un petit SMS à quelques uns de mes proches et dire que tout va bien, puis je continue ma soirée et ma nuit comme ça, à alterner entre le sommeil et des périodes de semi veille. Dans la nuit au passage des aides soignantes, je demande si je peux me lever pour aller aux toilettes, et c’est OK. L’une d’entre elles m’aide à me lever et à me déplacer, mais ça va je me sens assez stable, j’ai pas du tout la tête qui tourne et je ne ressens pas de faiblesse particulière. Je peux m’asseoir toute seule sur les toilettes en me tenant à la barre sur le côté, et je peux me relever une fois terminé et retourner me réinstaller dans le lit sans aide.
Je n’ai toujours pas de douleurs, je me sens bien, un peu barbouillée mais sans plus. Fatiguée, mais pas épuisée, ça ne m’inquiète pas vraiment. Je me sens super ballonnée et gonflée par contre, mais je pense que ce sont les gaz de la coelioscopie qui ne se sont pas encore évacués. Ils ne veulent pas partir.
La nuit se passe. Le lendemain matin, rebelote, contrôle des signes vitaux et de la glycémie (un peu inquiétant, je suis à 271, alors que je n’ai rien mangé depuis le précédent contrôle qui était moins élevé), puis on me demande ce que je veux pour le petit déjeuner. On me propose une boisson chaude, mais je me sens pas d’ingérer plus de liquide, ça m’impressionne trop. Un yaourt non plus, certainement pas, ça ne me dit rien. Je demande une compote sans sucre à la place. Je dois attendre un moment qu’on vienne pour l’injection de mon insuline, puis je peux commencer à manger, assise sur le bord du lit, avec la tablette à la bonne hauteur pour que j’aie pas besoin de me pencher. Je mange doucement, à toutes petites cuillères, et je m’écoute. Je ne ressens pas de blocage particulier, et j’arrive à manger à peu près la moitié de la compote avant de m’arrêter. Je ne veux pas forcer sans faire attention, alors je préfère m’arrêter avant de sentir que ça bloque.
Les douleurs commencent à se réveiller, à partir de ce moment on m’a donné un Xprim (Tramadol) qui est un mélange entre du paracétamol et un dérivé d’opium, toutes les 4h. Une grande douleur diffuse dans tout l’abdomen, supportable mais continue. Je suis presque sûre qu’elle est dûe aux gaz qui se baladent. Puis une douleur un peu plus aiguë, plus localisée, au niveau du bas de l’estomac (à gauche du ventre, deux phalanges en dessous de la dernière côte). Je ne la sens pas toujours, mais assez fort après un petit effort ou dans certaines positions. J’imagine que c’est normal, je ne m’inquiète pas plus que ça.
Le chirurgien passe me voir en coup de vent, avec sa bonhomie habituelle. Il me dit que tout s’est bien passé, le bypass a bien été effectué et la vésicule biliaire retirée. Rien à signaler. Il me dit que je peux sortir dans la journée si je veux. Mais sachant que je serai toute seule à la maison en rentrant, je demande à rester une nuit de plus, je me sentirais plus rassurée. Je ne me sens pas encore très autonome et j’ai peur que ce soit compliqué chez moi. Il me dit que ça sera à moi de voir selon comment ça se passe dans la journée, mais qu’en tout cas il autorise ma sortie le jour-même.
La matinée se passe sans incidents. On me ramène un yaourt nature pour la collation, mais je le sens toujours pas et je le boude. J’essaye de boire un peu par contre.
L’infirmière vérifie mon ventre. J’ai 8 jolis pansements bien propres de part et d’autres du ventre. Pas au même endroit que les cicatrices de ma sleeve (pour au moins 3 d’entre elles que je peux toujours voir). Deux rangées de 3 incisions au dessus du sternum et de l’estomac + 2 incisions en dessous du nombril. Tout a l’air normal, pas de saignement sous les pansements ni qui transparaitraient en sous cutané.
On me fait une petite prise de sang, pour vérifier quelque chose avant de me faire une injection d'anticoagulant dans la cuisse. Pas aussi douloureuse que j’aurais pensé, ouf!
Sur les coups de midi, l’endocrinologue Dr. Tournant vient me voir dans ma chambre. Apparemment les infirmières sont assez inquiètes de l’évolution de mes glycémies et l’ont appelée, mais elle n’est pas étonnée, et elle me dit ça presque sur le ton de la confidence, comme si on partageait un grand secret toutes les deux : mon diabète est déséquilibré et instable. Jure…
Elle m’a dit qu’elle laissait les infirmières gérer mon insuline tant que je suis à la clinique, selon le protocole habituel qu’elle a travaillé avec elles, mais qu’une fois rentrée il faudra que je surveille très sérieusement et ne fasse pas d’erreurs pour ne pas risquer une grave hypoglycémie. J’ai confiance en moi à ce niveau-là et je pense que je gérerai sans soucis.
On va arrêter, ou au moins faire une pause dans la prise du Trulicity, parce qu’il est vraiment violent au niveau “coupe-faim” et peut donner beaucoup de nausées. Si c’était bienvenu pour faire baisser la glycémie avant l’intervention, là c’est pas du tout le moment de provoquer ce genre d’effets, j’aurai déjà bien suffisamment de mal à me réadapter à mon alimentation. Je regrette déjà d’avoir pris la dose de la semaine dernière sans réfléchir (c’est une dose par semaine et la mienne tombe le vendredi soir, j’ai pas réfléchi et l’ai prise par habitude le vendredi de la semaine juste avant l’opération). Je continue par contre l’insuline lente au même dosage (Toujeo à 40 unités chaque soir), et l’insuline rapide à adapter selon mes contrôles de glycémie et ma capacité à m’alimenter. Elle m’a donné des chiffres indicatifs pour me guider, et ensuite à moi de gérer. Elle m’a indiqué de toutes petites doses pour commencer, difficile de prévoir quels seront les risques d’hypo et si j’arriverai à manger suffisamment pour les contrer. Elle m’a fait promettre de l’appeler tout de suite si j’avais le moindre doute où si mes glycémies continuaient à monter et/ou à m’inquiéter. Mais si tout se passe bien, on se revoit dans un mois pour un RDV de contrôle et évaluer comment ça a évolué.
Pour midi, on m’apporte un yaourt et une compote en guise de repas. J’ai pu manger la moitié de la compote, et quelques cuillères du yaourt, sans grand enthousiasme. Pas de blocages ni douleurs. Je fais bien attention de ne pas boire en mangeant, ni juste avant/après. Je suis plutôt contente et rassurée.
Une diététicienne que je ne connaissais pas est ensuite passée me voir, elle m’a redonné le protocole de réadaptation alimentation post by-pass en me répétant les grandes lignes et en s’assurant bien que j’avais pas de doutes ni de questions (sinon, il ne fallait pas hésiter à solliciter les infirmières ou même demander à ce qu’une diet repasse dans la chambre). Elle m’a dit que ce que j’avais pu manger jusque là, c’était très bien et très encourageant. Elle me donne quelques conseils sur des appréhensions mineures que je peux avoir, pour boire assez (avoir toujours une gourde sur soi), pour les premières purées (adapter la texture, allonger avec du lait ou de l’eau si c’est trop épais etc).
J’ai ensuite pu voir Carine Phocas, qui est l’infirmière coordinatrice/référente du centre de l’obésité de cette clinique. C’est elle que je devrai contacter en prio si j’ai un souci, un doute ou une question une fois rentrée à la maison, c’est un peu le “pilier” de l’accompagnement qui fait en sorte qu’on ne se sent pas seul et abandonné (comme ça a pu être le cas pour moi quand j’ai été sleevée, que ce soit une impression légitime ou pas). Si tout se passe bien et que je n’ai pas besoin de la contacter, c’est elle qui me rappellera à la maison environ 10 jours après l’opération. Elle aussi s’assure de me laisser un espace de parole, pour que je puisse poser vraiment toutes mes questions et ressorte de la clinique sans aucun questionnements majeurs. Ça fait du bien, je me sens vraiment bien cadrée et encadrée.
On est le 13 décembre du coup, à peu près 24h après l’opération. A partir de ce moment là, la douleur commence à être vraiment très pénible pour moi. Je n’arrive pas à définir si ça vient des gaz de la coelio ou pas. On me dit que c’est sûrement ça, mais je sais pas, c’est quand même très localisé au niveau de l’estomac, et toujours au même endroit. Ça tire fort.
De manière générale, je ne suis pas très sensible à la douleur, je ne suis pas “douillette” du tout, mais pourtant là, c’est très dur. Quand les infirmières me demandent d’évaluer la douleur de 0 à 10, je suis facilement à 7-8 en continu. Je suis très surprise, parce qu’après ma sleeve je n’avais eu quasiment aucune douleur liée à l’opération, aux sutures et aux agrafes. Ni le jour même, ni au cours du premier mois de cicatrisation. J’arrive pas à me lever du lit ou même à me retourner dans le lit sans m’agripper à l’une des poignées au dessus ou sur les côtés du lit, et je me sens impuissante et c’est une douleur que je ne comprends pas, qui ne ressemble à rien de ce que j’ai ressenti jusque là. Un mélange de tiraillement, de contraction, d’écrasement, d’inflammation… j’en sais rien. J’ai l’impression que quelqu’un tire à deux mains sur mon estomac et mon intestin pour les séparer l’un de l’autre. Les muscles de mon ventre me semblent faibles aussi, comme s’ils galéraient à maintenir mes organes en place, c’est très fatigant et désagréable, j’ai l’impression d’être tendue et crispée en permanence.
J’en parle au personnel médical, qui me dit d’être patiente, que c’est normal après une intervention aussi lourde, et que ça va passer. Que mes constantes sont bonnes, aucune fièvre, aucun saignement, aucun hématome, donc il n’y a pas du tout lieu de s’inquiéter. Je continue à prendre l’anti douleurs à heures fixes, toutes les 4h, et l’infirmière y ajoute maintenant un comprimé lyoc de spasfon. Mais la douleur ne diminue pas du tout, pendant au moins 12h d’affilée. Je dors en dents de scie quand j’arrive à trouver une position pas trop inconfortable, mais si je bouge la douleur me réveille et c’est reparti… j’ai toujours évacué aucun gaz de coelio, j’y arrive pas, rien ne descend, et je ne peux pas “pousser” parce que la douleur me bloque. Mais je m’accroche à ça, et je me dis qu’une fois cette étape passée, la douleur diminuera sûrement... j’essaye de marcher un peu dans la chambre, de passer un peu de temps sur les toilettes, de m’allonger bien à plat par moments avec les jambes un peu relevées… mais rien du tout. Le personnel est adorable et compréhensif, elles essayent de me soulager comme elles peuvent, mais y’a pas grand chose à faire à part attendre. Je prends les anti douleurs quand c’est possible, et sinon on me sert des tisanes de badiane (censées aider à évacuer les gaz), et on me réchauffe une bouillotte régulièrement. La bouillotte calme un tout petit peu la vivacité de la douleur quand je la maintiens appuyée à l’endroit pile où ça me fait le plus mal, mais c’est toujours un répit de très courte durée.
La journée + la nuit sont très difficiles. J’arrive à dormir un peu, phases de sommeil entrecoupées de phases d’éveil pénibles et douloureuses. Je commence à envisager de rester une nuit de plus, parce que je n’arrive toujours pas à me relever du lit ou à me retourner sans les poignées de lit médicalisé.
Le chirurgien et l’infirmière référente repassent ce matin-là faire un coucou et voir si tout va bien. Personne ne semble inquiet, ce sont des douleurs normales, il faut être patiente. On m’incite à vraiment réfléchir à rentrer chez moi ce jour-là. Le chirurgien prévient l’équipe que je resterai pour manger à midi, et que je verrai ensuite en début d’après-midi comment je me sens. On commande le taxi médicalisé (quitte à devoir l’annuler par la suite). On est le 14 décembre du coup, J+2 après l’opération.
Je continue à prendre des anti-douleurs, donc je suis un peu à l’Ouest, mais je ne me sens pas particulièrement fatiguée. Toujours ballonnée, mais ça va. Quand vient l’heure du petit déjeuner, on me propose comme d’habitude une boisson chaude. Je demande cette fois une petite tasse de lait chaud (légèrement coupée à l’eau), parce que je sais que d’habitude le lait accélère mon transit, et j’espère que ça pourra aider pour l’évacuation des gaz. J’arrive à boire doucement la moitié de la tasse à café de lait, avec une demi compote sans sucre.
Et le plan fonctionne ! Je sens tout au long de la matinée les gaz circuler à l’intérieur, puis se masser au bas du ventre, avant de pouvoir ENFIN être évacués. Le soulagement est immédiat, ça tire moins et la douleur s’atténue de moitié au moins. C’est plus supportable, même si je sens toujours ce gros pic de douleur au niveau de l’estomac, comme plus rien “n’appuie” dessus de l’intérieur j’arrive à trouver des positions dans lesquelles ça va. Je marche un peu dans la chambre dans la matinée.
Je suis autorisée à aller prendre une douche toute seule. Je me rends compte que j’ai oublié d’emmener une serviette de toilette. Une infirmière prend pitié et me prête un drap pour pouvoir me sécher. Expérience… intéressante
n’oubliez pas votre serviette/drap de bain/gant en préparant vos affaires pour la clinique ou l’hôpital ! Ensuite, mes pansements sont changés pour la première fois et je peux observer les plaies. C’est assez impressionnant pour l’instant, j’ai 8 incisions de 1 à 1,5 cm sur le ventre, toutes refermées par 3-4 agrafes de métal qui dépassent assez fort. Un petit effet monstre de Frankenstein tout couturé ! Les cicatrices sont belles et n’ont pas saigné, pas d’infections ni d’hématomes non plus.
Un peu de fromage blanc pour la collation. Ça passe beaucoup mieux que le yaourt qui m'écoeurait beaucoup, la texture crémeuse est plus agréable en bouche, c’est plus épais, et le goût me paraît moins “acide”. Je profite de la fin de matinée pour préparer mon départ, je range mes affaires, je m’habille (là où ça fait deux jours que je suis en robe courte sans rien d’autre
pour le confort et la liberté de mouvements !), et je somnole en attendant. On me dit que je devrais pouvoir partir sur les coups de 14h.
À midi, on me sert une demi assiette de purée de pommes de terre épaisse. Je ne mange pas tout de suite, parce que la collation m’a été servie assez tard. Puis j’ai un gros coup de barre, et j’ai très envie de dormir (merci le Tramadol !), donc je m’écoute et m’accorde une petite sieste. Chaque passage dans ma chambre (infirmières, aides soignantes etc) me tire de mon sommeil, et j’ai totalement la tête en vrac quand je finis par émerger. Je me force à sortir du lit et prends un moment pour me réveiller, puis je m’attaque au repas. La purée épaisse n’a pas de soucis à “passer” et je la trouve assez bonne. Je prends mon temps et j’attends entre chaque bouchée qu’elle soit suffisamment liquide pour être avalée sans risques. J’arrive à manger toute la portion qui m’a été servie (environ 100gr je dirais, et je n’ai pas rajouté le sachet de sel ni le beurre qu’on m’avait mis sur le plateau) sans soucis, et je me sens bien après le repas, pas de blocage, pas de nausées, pas de tiraillements.
Le taxi médicalisé VSL est arrivé vers 14h comme prévu, et je suis prête. Je demande à la dame de m’aider à porter mon sac à dos qui est assez lourd (toutes mes affaires pour 2-3 jours à la clinique) et c’est parti, elle me reconduit chez moi. Pas de soucis pendant le trajet, à l’arrivée elle me redemande mes papiers et carte vitale, puis… elle me laisse dans le hall de l’immeuble ! Je dois donc galérer à porter mon sac à travers le hall, l’ascenseur, puis le couloir jusqu’à mon appartement… pas très sérieux, sachant que les chauffeurs de taxis médicalisés sont censés être là pour raccompagner jusqu’à leur porte des patients à mobilité réduite à la sortie d’une hospitalisation…